
BIODIVERSITÉ - LES INVERTÉBRÉS
Une baisse drastique de 80% de la biomasse d'insectes volants en 30 ans en Europe, y compris dans les zones protégées, nous faisant basculer dans la sixième grande extinction de masse.
LES INSECTES
Les études scientifiques se succèdent alertant sur l'effondrement massif des insectes. Les insectes représentent la moitié de la biomasse animale planétaire. La biomasse correspond à l'évaluation en poids de la biodiversité et est un indicateur fondamental précurseur de la disparition des espèces. Tout conducteur de plus de 40 ans a d'ailleurs pu expérimenter cette disparition des pare-brises.
N'oublions pas qu'en 1990, le stock initial d'insectes n'était absolument pas intact puisque cela faisait déjà 40 ans que l'utilisation importante des pesticides était en place, et, d'autre part, que les effets des pesticides se sont fait sentir de façon importante dès leur première utilisation puisque les pesticides sont très toxiques à très faibles doses, dès leur première utilisation, en plus d'être persistants.
Hallmann & al. (2017) – PLOS One
Cette étude phare menée par la société entomologique de Krefeld en Allemagne a révélé une diminution de 75 % de la biomasse des insectes volants dans 63 réserves naturelles entre 1989 et 2016, signalant un effondrement généralisé des populations d'insectes volants.
Lister (2018) - PNAS
La biomasse des arthropodes a diminué de 4 à 8 fois et de 30 à 60 fois dans les pièges collants depuis 1976.
Vincent Bretagnolle (2018) – Rapport scientifique
Selon une étude menée par Vincent Bretagnolle, les populations d'insectes dans les zones agricoles ont diminué de 90 % en 30 ans, principalement en raison de l'utilisation intensive de pesticides.
Sánchez-Bayo & Wyckhuys (2019) – Biological Conservation
Cette revue systématique a estimé que 40 % des espèces d'insectes sont en déclin ou menacées d'extinction.
Seibold et al. (2019) – Nature
Cette étude a révélé que la biomasse et le nombre d'espèces on décliné respectivement de 78% et de 34% dans les prairies et les forêts, associés à l'intensification de l'utilisation des terres, notamment l'agriculture intensive.
Les animaux, tout comme nous, migrent et déménagent : nous sommes sortis pour beaucoup de nos habitats naturels qu'étaient les forêts, en transformant ces habitats forestiers en paysages sylvo-pastoraux, voire même en ville, sans provoquer notre disparition. La déforestation en Europe et l'aménagement du territoire datent d'ailleurs du Moyen-Âge avec des défrichement massifs, laissant moins de 10% de forêts à la fin du XIII ème siècle, alors que l'effondrement est bien plus récent puisqu'il n'a que quelques décennies.
En occident, entre 1992 et 2014, la charge toxique (c'est à dire la toxicité multipliée par la quantité de pesticides) épandue a été multipliée par 48 pour les insectes.
Cet effondrement massif annonce notre entrée en dynamique d'extinction de masse. En effet, avant de constater la disparition de la moitié des lignées vivantes, une extinction se manifeste d'abord par l'effondrement de la biomasse globale. Aussi, 5 grandes extinctions de masse ont eu lieu au cours des 500 derniers millions d'années. Ces dernières se sont déroulées en quelques centaines de milliers à quelques millions d'années : le rythme actuel est beaucoup plus rapide que les extinctions précédentes qui ont pourtant été, entre autres, induites par des super volcans et des météorites.




L'extermination des insectes dans les zones agricoles était attendue puisque les zones agricoles sont à la fois une modification de l'habitat mais aussi et surtout un habitat hautement toxique car continuellement aspergé de pesticides. La "disparition" de 80% des insectes volants en 30 ans dans les forêts "protégées" est venue mettre largement à mal l'idée que la disparition des habitats est le facteur principal de cet effondrement et, au contraire, est venu mettre en avant le fait que la racine de cet effondrement est due à l'empoisonnement global de toute la biosphère par les pesticides.


Une étude publiée dans PLOS One en avril 2023 a examiné un siècle de données sur l’abondance des invertébrés du sol, en mettant l’accent sur les vers de terre. En compilant des données provenant de plus de 100 études, les chercheurs ont montré que les vers de terre ont subi une diminution continue de leur abondance, avec une baisse annuelle estimée entre 1,6 % et 2,1 %. Sur une période de 25 ans, cela représente une réduction de 33 à 41 % de la population de vers de terre. Les périodes d'intensification agricole, notamment après la Seconde Guerre mondiale avec l’introduction des pesticides, ont accéléré cette tendance de déclin.
En France, une étude a révélé que 83 % des échantillons de sol contenaient cinq pesticides ou plus, avec une moyenne de 8,5 pesticides par échantillon. Cette contamination affecte la faune du sol, y compris les vers de terre, en perturbant leur physiologie et leur reproduction.
S'il est vrai que le travail du sol (le labour) peut affecter les vers de terre, notamment en perturbant leurs galeries et en exposant les organismes à des conditions moins favorables, le labour seul ne provoque pas l’extinction des vers de terre. En effet, les vers de terre ont survécu à des millénaires de pratiques agricoles comprenant des labours réguliers mais pas de pesticides. L'argument avancé par l'agrochimie selon lequel le labour serait responsable de la chute des populations de vers de terre est une tentative de détourner l'attention et de promouvoir davantage de produits chimiques, notamment pour les herbicides qui deviennent indispensables sans labour (plus d'informations).
LES VERS DE TERRE
Les données scientifiques disponibles indiquent que les populations de vers de terre ont subi un déclin significatif depuis l'intensification de l'agriculture chimique après la Seconde Guerre mondiale. Des études ont rapporté des baisses de biomasse des vers de terre allant de 50 à 100 %, avec une moyenne de 83,3 %, dans les systèmes agricoles intensifs par rapport à des pratiques agricoles plus durables. Ce déclin est principalement attribué à l'utilisation accrue de pesticides, notamment les insecticides, qui affectent la croissance, la reproduction et la survie des vers de terre.

