Les pesticides sont des perturbateurs endocriniens, cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques et, pour la plupart, des antibiotiques. Ils agissent à la fois au niveau cellulaire, mais aussi au niveau métabolique. Leurs modes d'action sont multiples et variés : ils dégradent l'intégrité des membranes cellulaires, la division cellulaire et le cytosquelette, la signalisation cellulaire, la respiration mitochondriale et la production d'énergie, la biosynthèse des acides aminés et des protéines, la biosynthèse des acides nucléiques et de leurs précurseurs, la biosynthèse des coenzymes et des pigments, en plus de dégrader le métabolisme glucidique, lipidique, stéréotypique et enfin le système nerveux central et les muscles. En dégradant de manière massive la régulation hormonale, ils dérèglent les fonctions essentielles au bon fonctionnement de l'ensemble du corps humain et des êtres vivants sur Terre.
Les effets des pesticides sont non monotoniques. Ainsi, l'adage "C'est la dose qui fait le poison" n'a donc plus aucune valeur et ne s'applique pas dans le cas des pesticides de synthèse. Cela est encore plus vrai pour les pesticides halogénés, c'est-à-dire les pesticides à base de chlore, de fluore et de brome. En effet, la structure chimique de ces pesticides halogénés est pratiquement la même que l'hormone thyroïdienne.
En plus de contenir une substance active, les pesticides, tel un médicament, contiennent d'autres produits chimiques comme les synergistes, des coformulants et des adjuvants, qui servent à démultiplier la toxicité et l'efficacité de la substance active. Ainsi, si l'on tient compte de tous ces composants, mais aussi des produits de dégradations générés par ces produits chimiques que l'on appelle métabolites et de la capacité qu'ont toutes ces molécules chimiques à se combiner entre elles, les pesticides regroupent des MILLIONS DE SUBSTANCES. Les lobbys des fabricants de pesticides évoquent même le fait que toutes les combinaisons possibles entre 300 substances sont plus nombreuses que le nombre d'atomes dans tout l'univers. Les millions de substances ainsi créées échappent donc à tout contrôle puisqu’il faudrait être techniquement en mesure de les détecter ce qui n'est le cas que d'une petite partie des substances et au bon niveau, c'est à dire au nanogramme, ce qui n'est généralement pas le cas.
Les pesticides sont des substances synthétiques : c'est-à-dire fabriqués par l'homme et qui n'existaient donc pas dans la nature. Ainsi, ces substances de synthèse ne sont pas biodégradables. Elles peuvent être chimiquement totalement stables, comme les polluants éternels (PFAS) que l'on retrouve dans les pesticides et donc maintenant partout dans la nature, ou moins stable et donneront alors lieu à des métabolites. Cela signifie que les pesticides ne disparaissent pas : ils persistent pour des périodes allant de quelques siècles à l'éternité.
En conséquence, dès la première exposition, ces substances chimiques prennent la place des hormones et intoxiquent l'être vivant concerné. Ils peuvent par ailleurs être plus toxiques à faible dose qu'à haute dose rendant totalement imprévisibles leurs effets. Ainsi, l'ensemble de la régulation autour des pesticides n'a absolument aucun sens. Cette dernière n'a pas d'ailleurs pour but d'interdire de mettre sur le marché des pesticides, mais simplement d'en encadrer l'usage Afin d'en autoriser leur diffusion.
Les pesticides ne sont donc pas seulement à la base de l'explosion récente des nombreux cancers, des troubles de la fertilité, des troubles du neurodéveloppement et psychologiques, mais aussi d'un spectre de pathologie beaucoup plus large, qui touche l'ensemble des organes et fonctions du corps humain, en passant par la vue, les dents, etc. La France détient le triste record des cancers du sein dans le monde alors même qu'elle est à la traine sur le dépistage. Le cancer est même la seconde cause de mortalité sur les enfants alors que les enfants ne boivent pas et ne fument pas. Le nombre de cas de cancers a d'ailleurs doublé en trente ans tandis que la consommation de tabac et d'alcool a été divisée par deux en cinquante ans.
Exactement comme les antibiotiques dont ils font partie, les pesticides sont à l'origine d'un grand nombre de résistances puisque seuls les organismes résistants aux pesticides survivent. Ils provoquent des mutations et une sélection artificielle globale sans précédent. La résistance induit de devoir utiliser des pesticides toujours plus toxiques et aux modes d'actions multiples et variés, conduisant à un cercle vicieux mortel pour les agriculteurs, pour nous et pour l'ensemble de la vie sur Terre.
Cet empoisonnement à l'œuvre depuis plus de 70 ans est donc à l'origine de l'extinction de masse que nous connaissons depuis quelques décennies. En effet, 80% de la biomasse d'insectes a disparu dans les aires protégées venant démontrer une contamination diffuse et globale. Cette contamination est d'ailleurs scientifiquement bien documentée dès les années 60. Outre les insectes, c'est toute la biomasse qui s'effondre : des vertébrés en passant par le plancton océanique et atmosphérique, qui, dès le départ, a été largement empoisonné et exterminé par les pesticides. L'empoisonnement du plancton, outre ses effets sur la biomasse océanique dont il est le socle alimentaire, a par ailleurs des conséquences tout à fait catastrophiques sur le climat global de la planète.
Ainsi, restaurer la biodiversité restaurera en partie la dérive climatique, alors que restaurer le climat seul ne signifiera nullement restaurer la biodiversité. Nous aurons par ailleurs tout exterminé avec les pesticides bien avant que le réchauffement climatique n'ait de réel rôle dans l'extinction de masse à l'œuvre depuis quelques décennies. Restaurer la biodiversité, c'est à dire interdire les pesticides, est donc la mère de toutes les batailles.
Les pesticides sont des poisons invisibles présents partout sur Terre depuis des décennies, des abysses océaniques jusqu'en haut de l'atmosphère, dont l'importance et la gravité ne sont jamais pris au bon niveau alors qu'ils sont à la racine de l'extinction, de l'explosion de toutes sortes de pathologies depuis cinq décennies mais aussi de manière plus large avec les troubles de l'apprentissage et psychologiques qui impactent toutes les facettes de notre société.
Nous sommes aujourd'hui dans une situation ubuesque contraints prouver que les insectes disparaissent à cause des insecticides, que les pesticides tuent alors qu'ils sont créés pour tuer, que si à la fois notre santé et l'environnement s'effondre littéralement c'est d'abord et avant tout à cause de ces poisons.
Cette situation est rendue possible par un lobbying intense, là aussi, mal compris par un grand nombre d'acteurs. Le lobbying de la chimie et a fortiori de l'agrochimie ne consiste pas simplement à avoir des consultants dans les couloirs de l’Assemblée nationale, mais est beaucoup plus profond et bien en amont du travail parlementaire. Depuis le départ et depuis maintenant des décennies, le lobbying de l'agrochimie a consisté et consiste toujours à cadrer, à la fois les institutions environnementales onusiennes, nationales et supranationales. Ce cadrage passe tant par les questions posées, que le cadre de réflexion général, la façon d'aborder les problèmes, les solutions évoquées et le cadre règlementaire. Cela permet à l'agrochimie d'orienter les réflexions sur d'autres causes que les pesticides et de dévoyer de manière globale le travail effectué au sein de ces institutions qui jouent un rôle global d'orientation des politiques internationales, mais aussi des politiques et des stratégies nationales, influençant de manière globale la société, ses individus, ses entreprises ainsi que sa recherche scientifique et son enseignement.
Pire, en prenant part à ces processus onusiens, ces entreprises se présentent comme étant du côté des solutions, voire faisant même partie des solutions. Ils prennent donc directement part aux négociations, tant sur le climat que sur la biodiversité et placent leurs "experts" directement dans les groupes scientifiques des organes de protections environnementales comme l'IPBES. Ils agitent le réchauffement climatique afin de légitimer la diffusion d'OGM et l'utilisation toujours plus massive de pesticides, utilisent des véhicules de l'ONU comme la FAO pour vendre et financer des pesticides dans les pays qui n'en ont pas les moyens. Ils évoluent aussi dans un large conflit d'intérêts puisqu'ils fabriquent et vendent par ailleurs des médicaments permettant de soigner des maladies qui ont pour origine les pesticides.
Ce dévoiement général s'est accompagné d'une baisse importante des budgets nationaux de la recherche scientifique, compensé par le privé, permettant là encore à l'agrochimie d'orienter toujours plus recherche sur d'autres causes que leurs poisons toxiques et dans une course à la publication et à l'innovation, même la recherche publique est maintenant contrainte de travailler à l'innovation qui seront utilisée plus tard par l'industrie privée.
Quand on sait que l'on est surproduction mondiale importante de nourriture, puisque l'on produit actuellement de quoi nourrir 11 milliards d'êtres humains, paraît totalement fou de continuer à utiliser des pesticides. Toutes les filières agricoles existent en agriculture biologique, une agriculture que nous connaissons bien puisque nous avons pratiqué cette dernière pendant plus de 12 000 ans. Contrairement à ce qui est diffusé partout depuis maintenant plusieurs décennies, non, nous n'allons pas mourir de faim sans les pesticides. Ce qui est certain en revanche, c'est que nous allons finir totalement stériles et stupides quand nous n'aurons pas le cancer ou d'autres joyeusetés, tout comme l'ensemble du reste du Vivant sans lequel nous ne pouvons survivre et dont la diversité est indispensable pour nous nourrir.
Les futures épidémies que nous allons connaitre à cause de l'empoisonnement et de la simplification extrêmes des écosystèmes, sont sans conteste le plus grand risque encourus par nous tous et il est pourtant largement ignoré.
La sortie totale et immédiate des pesticides de synthèse pour une agriculture biologique n'est pas une idée de doux rêveur : elle est parfaitement possible et est largement documentée scientifiquement. Les barrières à la sortie des pesticides sont mentales, pas techniques, et compte tenu de l'empoisonnement important qui devient très difficile à cacher, il est certain que nous arrêterons un jour les pesticides : espérons qu'à ce moment-là nous ne soyons pas tous stériles et intellectuellement déficients.
Les pesticides ne sont pas un problème parmi d'autres, ils sont un problème fractal et au bas mot 80% de la transition écologique. Ils sont aussi un problème philosophique, épistémologique, social et sanitaire. Enfin, de manière plus prosaïque, ils sont aussi un problème économique car la "richesse" qu'ils génèrent est très inférieure aux coûts dont ils sont à l'origine qui sont largement porté par la collectivité. Cette "richesse" est aussi d'ailleurs largement financée par la collectivité au travers des impôts qui servent à financer la politique agricole commune...