
PESTICIDES - EAU & ALIMENTATION
Et lorsque ces seuils sont dépassés et que la majorité de l'eau potable les dépasse, on les relève, comme cela a été le cas en avril 2024. Une "judicieuse" astuce pour enterrer les problèmes. Les résidus de pesticides sont souvent présents dans les fruits et légumes consommés quotidiennement. Ces résidus, même en doses infimes, s’accumulent dans l’organisme et contribuent à des intoxications chroniques et à des effets néfastes à long terme sur la santé. On comprend mieux pourquoi les pathologies en tous genres explosent et que la sixième extinction de masse ait commencé.
Il est donc indispensable de toujours garder en tête que toutes les analyses, tant dans l'alimentation que dans l'eau, ne concernent qu'une quantité extrêmement faible de substances en comparaison au cocktail chimique de centaines de milliers, voire de millions de substances auxquelles nous sommes, ainsi que le Vivant, exposés.
Néanmoins nous vous présentons tout de même les résultats de ces analyses sur l'alimentation et l'eau. Toute fois, en gardant à l'esprit que ces dernières sont totalement insuffisantes, que tout est contaminé partout, puisque l'eau est contaminée : c'est toute la biosphère qui est contaminée des pôles, aux abysses océaniques et qu'il pleut des pesticides depuis des décennies. Cela permet uniquement de donner une idée de ce qui est plus ou moins contaminé, autrement dit de comparer les niveaux de contaminations entres eux plutôt que pour les valeurs absolues.


DES ANALYSES QUI N'ONT PAS DE SENS
Les meilleurs laboratoires utilisant des techniques de pointe que sont la chromatographie en phase gazeuse ou liquide couplée à la spectrométrie de masse pour l'eau et l'alimentation détectent seulement 600 substances.
A propos des seuils, comme très peu de substances sont recherchées, voire identifiées, et que l'on sait par ailleurs que les pesticides sont lipophiles et s'accumulent, ces deniers sont totalement insuffisants. Les évaluations de toxicité ne tiennent pas compte non plus de l'effet cocktail massif auquel nous sommes soumis, cocktail de substances dans un produit mais aussi parce qu'un grand nombre de produits est utilisé. Quand on sait que les effets des pesticides sont non monotoniques, autrement dit toxiques à très petite dose, c'est l'ensemble de ce raisonnement qui n'a pas de sens.
ALIMENTATION
La dose journalière admissible (DJA) d’un produit chimique est une estimation de la quantité de substance active présente dans les aliments ou l’eau de boisson qui peut être ingérée tous les jours pendant la vie entière, sans risque appréciable pour la santé du consommateur, compte tenu de tous les facteurs connus au moment de l’évaluation. Elle est exprimée en milligrammes de substance chimique par kilogramme de poids corporel (OMS, 1997).
La limite maximale de résidus (LMR) est fixée pour chaque fruit, légume ou céréale et chaque substance active. Les LMR sont déterminées par les tests des fabricants eux-mêmes lors de l’établissement du dossier pour la mise sur le marché du pesticide (AMM).
Il y a 252 120 LMRs en cours au niveau européen. Ces limites vont de "Aucune limite requise" (notamment pour le non alimentaire, voir ci-dessous), à 2000 mg/kg. 37% des limites sont de 0,01mg/kg (la LMR par défaut), 23% n'ont pas de LMR requise, 13% sont à 0,05mg/kg, 10% à 0,02mg/kg, 5% sont vides (?), 5% à 0,1 et 1% 0,03mg/kg.
Des limites sont fixées seulement pour 515 substances différentes.


Au niveau européen, les valeurs les plus extrêmes (>100mg/kg) concernent deux substances: le Bromide ion et le Fosetyl-Al sur l'ensemble des fruits secs, les thés et les fraises. Les légumes feuilles (salades, épinards) , les plantes à parfums, aromatiques et médicinales (PPAM) les choux, les agrumes sont les denrées avec les plus hauts seuils de limites maximales de résidus. Les raisonnements suivis à propos des LMRs ne sont pas liés à la toxicité de chaque substance active ou à son mode d'action mais aux hypothèses de quantité de chaque denrée ingérée.
En France, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), au sein du ministère de l'Économie et des Finances, est l'autorité compétente pour l'application de la surveillance des résidus de pesticides sur les denrées alimentaires commercialisées d'origine non animale.
En 2019, celle-ci reportait avoir analysé plus de 6000 échantillons de légumes, fruits, cérales et produits céraliers, légumineuses, oléagineux et produits transformés, plantes mélfères et sucrières, vins, épices, aliments pour bébés, houblon, thés, cafés, infusions, cacaos et caroubes.
53,6% des échantillons contenaient au moins un résidu de pesticides. Les légumes analysés contenaient en moyenne 2,8 résidus et les fruits 3,7 résidus en moyenne. 36 échantillons de fruits contenaient au moins 10 résidus détectables. Les deux échantillons les plus élevés sur les fruits étaient de 16 résidus dans les fraises de France et de 15 pour les cerises de France. 20% des vins analysés se sont trouvés au-dessus de la limite maximale de quantification. 33% de l'ensemble des thés, cafés, infusions, cacaos et caroubes analysés contenaient jusqu'à 4 résidus. " Bon Appétit ! Mais surtout Bonne Chance ! " comme disait Pierre Rabhi.


Les réglementations autour du pilotage sanitaire des pesticides dans l'alimentation reposent sur l'idée de dose journalière admissible et de limites maximales de résidus. Ainsi, dans l'eau potable et dans l'alimentation humaine et animale, sont établies des limites maximales de résidus.
EAU
Pour les substances actives des pesticides et leurs métabolites pertinents, la limite de qualité est fixée à 0,1 µg/L par substance individuelle, sauf pour l’aldrine, la dieldrine, l’heptachlore et l’heptachlorépoxyde : 0,03 μg/litre. Pour les métabolites non pertinents, la limite de qualité est fixée à 0,9 µg/L.
Pour tenir compte de la présence simultanée des pesticides dans l’échantillon, la limite de qualité est fixée à 0,5 µg/L pour la somme des concentrations de tous les pesticides et des métabolites pertinents.
C'est l’ Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) qui détermine si un métabolite de pesticide est jugé pertinent c'est à dire : s’il y a lieu de considérer qu’il pourrait engendrer (lui-même ou ses produits de transformation) un risque sanitaire inacceptable pour le consommateur.


Le contrôle sanitaire de l’eau destinée à la consommation humaine est mis en œuvre par les Agences Régionales de Santé (ARS). Ainsi, chaque ARS, dans chaque région détermine elle-même le nombre et les molécules (substances actives et métabolites) recherchés notamment en fonction des pesticides utilisés sur son territoire.
Il n’existe pas de liste européenne ou nationale des molécules de pesticides à rechercher dans le cadre du contrôle sanitaire.
En 2025, les ARS déclarent effectuer des contrôles sur :
En Grand Est 210 molécules : 164 substances actives et 46 métabolites sont recherchés.
En Normandie 336 molécules : 280 substances actives de pesticides et 56 métabolites.
En Bretagne : plus de 200 molécules.
En Nouvelle-Aquitaine : plus de 300 molécules.
En Pays de la Loire : plus de 250 molécules dont une vingtaine de métabolites.
En Auvergne-Rhône-Alpes environ 270 molécules
En Provence Alpes-Côte-d ‘Azur : 330 molécules, dont au moins une quarantaine de métabolites.
En Occitanie jusqu’à 272 molécules.
En Centre-Val-de-Loire plus de 200 molécules.
En Nouvelle-Aquitaine plus de 300 molécules.
En Ile-de-France plus de 400 molécules.
En Corse environ 40 molécules.
Dans les Hauts-de-France environ 200 molécules.
"L'eau est l'aliment le plus contrôlé de France". C'est sans doute vrai en terme de quantité de tests, mais on ne trouve que ce que l'on cherche et on ne cherche que peu de substances, alors, en terme qualitatif, ça ne vaut pas grand-chose. Et, quand par la suite, on fixe des seuils arbitraires tout comme dans l'alimentation où ni les mesures ni les seuils ne tiennent compte de la toxicité des substances, on finit par se demander le sens de ces analyses.
37% DES CAPTGES FERMÉS EN 45 ANS
La France compte 37 795 captages actifs destinés à la production d’eau potable en 2024.
Sur la période 1980-2024, près de 14 300 captages ont été fermés. La première cause d’abandon sur cette période est due à la dégradation de la qualité de la ressource en eau (32,1 %). Les autres motifs concernent la rationalisation des réseaux de production et de distribution (23,9 %), des problématiques administratives (15 %), des débits de production trop faibles (8,7 %), des dégradations ou une vétusté trop importante des équipements (7 %) ou l’impossibilité d’assurer la protection de la ressource (5,4 %). La cause de l’abandon n’est pas connue pour 4,6 % des cas.
Parmi les captages abandonnés en raison de la dégradation de la qualité de la ressource sur la période 1980-2024, 41,1 % le sont du fait de teneurs excessives en nitrates et/ou pesticides.
UN TRAITEMENT DE L'EAU INEFFICACE
Les entreprises de l’eau gèrent en délégation près de 5200 stations d’épuration, soit un quart environ du parc français (23%), mais 70% des grandes installations et plus de la moitié de la capacité totale d’épuration (54%). La différence de fréquence de quantification des pesticides et de métabolites entre eau brute et traitée n'est pas flagrante (graphique ci-contre).
13,5 Mrds€ facturés aux consommateurs en 2021, 11,3 Mrds€ d'engagements des agences de l'eau et 20,2 Mrds€ pour 2022 - 2027 des Schémas Directeurs d' Aménagement et gestion des Eaux (SDAGE).
Les principaux acteurs opérant sur le marché européen du traitement de l'eau et des eaux usées sont Suez, Veolia, DuPont de Nemours, 3M, The Dow Chemical Company, BASF. Suez et Véolia représente 53% du marché de l'eau potable et de l'ultrafiltration en France.
Deux pesticides ou métabolites ont été quantifiés dans plus de 50% des échantillons des eaux brutes et traitées. La médiane est de 5 pour les eaux brutes et 3 pour les eaux traitées. 10 % des échantillons en contiennent plus de 15 en eaux brutes et 10 en eaux traitées. Un maximum de 29 composés a été mesuré dans un même captage et 28 dans l’eau traitée correspondante.
PRODUCTION AGRICOLE NON-ALIMENTAIRE
Pour toute la production agricole non-alimentaire, aucune limite maximale de résidus n'existe. Les zones de ces productions non-alimentaires sont encore plus contaminées que les autres avec notamment l'horticulture qui semble utiliser des quantités encore bien plus extrêmes de pesticides que le reste de la production non-agricole.
La production non alimentaire est en forte croissance car elle est considérée comme plus écologique que ses utilisations antérieures, encore faudrait-il qu'elle soit produite de manière biologique. Environ 10% de la production agricole en France est non alimentaire.
Elle sert à la production de biocarburants et d'alcool pour fabriquer du parfum, des cosmétiques et du gel hydroalcoolique (20% de la production de betterave), l’utilisation croissante d’oléagineux pour la fabrication de produits oléo-chimiques, l’utilisation croissante de l’amidon en remplacement du plastique, ou l’utilisation croissante de fibres végétales dans l’industrie textile et automobile (chanvre, laines, lin), les cuirs et les peaux, les cosmétiques (plantes à parfum et aromatiques), plantes ornementales (horticulture), etc.

