SANTÉ - LA FERTILITÉ

L’infertilité touche aujourd’hui 3,3 millions de personnes en France, soit 1 couple sur 4. Elle est en constante augmentation depuis 20 ans. Les anomalies de la spermatogenèse sont de loin les causes les plus fréquentes d’infertilité masculine. Dans environ 75% des cas, l’infertilité est d’origine féminine, masculine ou les deux à la fois. Dans 10 à 25 % des cas, elle est "inexpliquée". 

DES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS

Les pesticides halogénés, contenant des éléments comme le fluor, le chlore, le brome ou l'iode, ont une structure chimique similaire à celle des hormones thyroïdiennes. Ainsi, ils imitent et remplacent des hormones naturelles (agonistes hormonaux) en particulier les œstrogènes (les hormones sexuelles féminines) ou la testostérone (l'hormone sexuelle masculine).

D'autres pesticides bloquent les récepteurs hormonaux (antagonistes hormonaux) auxquels les hormones naturelles se lient, les empêchant d'agir. Ils interfèrent donc avec la capacité des cellules à répondre à la testostérone ou aux œstrogènes, ce qui affecte la reproduction, le développement sexuel et la croissance cellulaire.

Les pesticides affectent la production (la synthèse) ou le métabolisme (la dégradation) des hormones, provocant des déséquilibres hormonaux entrainant des troubles de la reproduction. Ils affectent aussi directement les glandes endocrines, comme la thyroïde, les gonades (ovaires et testicules), le thymus, le pancréas et les surrénales, qui produisent des hormones cruciales pour la reproduction, le métabolisme général et la réponse au stress entraînant des troubles hormonaux et reproductifs, métaboliques et cognitifs (mentaux).

Et enfin, les pesticides agissent également en modifiant l'expression génique via des mécanismes épigénétiques. En conséquence, ils affectent la manière dont les gènes sont activés ou désactivés, modifiant ainsi la réponse des cellules aux hormones affectant le développement, la fertilité et la santé reproductive. Ils sont donc aussi mutagènes, en plus d'être cancérogènes et reprotoxiques.

Toutes ces altérations entraînent donc des troubles reproductifs, des malformations génitales, des troubles de la puberté, des problèmes de fertilité et des cancers hormonodépendants. Mais bien pire que cela, les premières semaines de la vie intra-utérines décident pour une bonne partie de la santé future du bébé, et c'est donc l'exposition de la mère qui détermine la santé du futur adulte, mais aussi de sa descendance puisque les pesticides altèrent aussi les cellules germinales des foetus.

Ci-dessous, quelques exemples de pesticides perturbateurs endocriniens:

PESTICIDES SANTÉ PERTURBATEURS ENDOCRINIENS
PESTICIDES SANTÉ PERTURBATEURS ENDOCRINIENS

Les pesticides sont conçus pour intoxiquer les systèmes biologiques des végétaux, des champignons, des bactéries et des animaux : la plupart des pesticides sont des perturbateurs endocriniens, c'est à dire qu'ils interfèrent avec le fonctionnement du système hormonal des êtres vivants.
Ils représentent d'ailleurs, et de loin (80 à 90%), notre exposition majeure aux perturbateurs endocriniens.

Le système endocrinien régule de nombreux processus physiologiques, y compris la croissance, la reproduction, le métabolisme et l'humeur, par le biais des hormones. Ces hormones agissent comme des messagers chimiques, envoyant des signaux entre les organes et les tissus.

PESTICIDES SANTÉ PERTURBATEURS ENDOCRINIENS
PESTICIDES SANTÉ PERTURBATEURS ENDOCRINIENS

HOMMES

UN EFFONDREMENT DES SPERMATOZOÏDES

La moyenne de la concentration de spermatozoïdes a diminué de -51,6 % entre 1973 et 2018 soit en 45 ans.
Le pourcentage de baisse par an a doublé, passant de -1,16 % jusqu'en 2000, à -2,64 % après 2000. Les résultats étaient similaires pour le nombre total de spermatozoïdes, avec une baisse globale de -62,3 %.
Sur 45 ans, la baisse cumulée estimée de la proportion de spermatozoïdes à morphologie normale serait d’environ -64 % et une baisse de -24% de la mobilité des spermatozoïdes.

Les anomalies du spermogramme et du spermocytogramme sont nombreuses et variables:
- l'oligozoospermie : concentration en spermatozoïdes inférieure à 15 millions/ml,
- l'azoospermie : absence totale de spermatozoïdes,
- la cryptozoospermie : quelques spermatozoïdes sur le culot de centrifugation examiné à fort grossissement, mais pas dans l'éjaculat " frais "
- asthénozoospermie : diminution de mobilité des spermatozoïdes,
- akinétospermie : mobilité nulle de tous les spermatozoïdes du recueil,
- nécrozoospermie : baisse de vitalité des spermatozoïdes,

- l'hypospermie : volume éjaculatoire complet inférieur à 1,5 ml,
- l'aspermie : volume éjaculatoire nul.

PESTICIDES SANTÉ HOMMES SPERMATOZOIDES
PESTICIDES SANTÉ HOMMES SPERMATOZOIDES

DES CANCERS

Les cancers du système reproductif masculin sont tous en nette augmentation et comprennent celui de la prostate, le plus fréquent chez l’homme, du testicule, très fréquent chez les jeunes et du pénis. Les traitements de ces différents cancers, en particulier la prostatectomie, l’hormonothérapie, la chirurgie, la radiothérapie ou la chimiothérapie, peuvent entraîner des troubles de la fertilité, en rendant l’éjaculation impossible ou en supprimant la production de spermatozoïdes.

PESTICIDES SANTÉ HOMMES CANCERS
PESTICIDES SANTÉ HOMMES CANCERS

DES ANOMALIES ET MALFORMATIONS DU SYSTÈME REPRODUCTIF

Le syndrome de dysgénésie testiculaire (TDS) est un ensemble de troubles du développement du système reproducteur masculin, incluant la cryptorchidie, l'hypospadias, une altération de la spermatogenèse, mais aussi de la différenciation des cellules germinales et un risque accru de cancer testiculaire. La cryptorchidie augmente de 2,6% par an (soit un doublement en 30 ans), et l'hypospadias de 1,2% par an (+43% sur 30 ans).

PESTICIDES SANTÉ CARTE MALFORMATION REPORDUCTIF CRYPTORCHIDIES
PESTICIDES SANTÉ CARTE MALFORMATION REPORDUCTIF CRYPTORCHIDIES
PESTICIDES SANTÉ CARTE MALFORMATION REPORDUCTIF HYPOSPADIAS
PESTICIDES SANTÉ CARTE MALFORMATION REPORDUCTIF HYPOSPADIAS

FEMMES

LE SYNDROME DES OVAIRES POLYKYSTIQUES

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est la maladie hormonale la plus fréquente chez les femmes en âge de procréer. Liée ou non à l'adénomyose et l'endométriose, elle touche aussi 10% des femmes en France. Elle est la première cause d'infertilité féminine et entraîne une production excessive d’hormones androgènes (habituellement produites en petite quantité dans l’organisme féminin) dont il résulte souvent une élévation du taux de testostérone dans le sang des femmes concernées.

Les symptômes du SOPK sont très nombreux:

- Trouble de l’ovulation : la rareté ou l’absence d’ovulations (dysovulation ou anovulation), cycles irréguliers plus longs que la normale (35 à 40 jours) ou l’absence totale de règles (aménorrhée),
- Infertilité dans la moitié des cas,
- Hyperandrogénie,
- Hyperpilosité chez 70 % des femmes atteintes,
- Acné,
- Alopécie (chute des cheveux),
- Ovaires « dystrophiques »,
- Adiposité excessive (accumulation de graisse),
- Hyperandrogénie,
- Insulinorésistance,
- Diabète,
- Hypertension artérielle,
- Maladies cardiovasculaires,
- Dépression, anxiété, troubles alimentaires. [20, 21]

PESTICIDES SANTÉ FEMMES SYNDROME OVAIRES POLYKYSTIQUES
PESTICIDES SANTÉ FEMMES SYNDROME OVAIRES POLYKYSTIQUES

DES MALADIES DE LA FONCTION REPRODUCTIVE EN TOUS GENRES

Ces maladies féminines en lien avec la fonction reproductive, sont restées longtemps méconnues, dont les signes et symptômes peuvent être très variés, ce qui explique un délai entre l'apparition des symptômes et le diagnostic très long. Mais cela s'explique aussi parce qu'elles sont perçues à travers des stéréotypes sexistes, assimilés à une déviance des normes féminines et souvent réduites à des maladies liées à la féminité, ce qui entraîne une minimisation de la douleur des patientes et une prise en charge centrée sur la réparation des normes de genre. [11]

ADÉNOMYOSE

On estime à 10% le nombre de femmes en âge de procréer dans le monde atteintes d'adénomyose. Néanmoins, ces analyses précisent que ce chiffre est largement sous-estimé car au moins 70% des femmes ne seraient pas dépistées. Par ailleurs, les systèmes sanitaires d'un grand nombre de pays ne sont pas du tout en mesure d'identifier cette pathologie pour diverses raisons. Aussi, de manière générale, lorsqu'une pathologie apparait, l'évolution du nombre de patients atteints suit plutôt une fonction de type courbe en J, voire exponentielle, plutôt qu'une fonction linéaire. En France, entre 2011 et 2017 le taux d'incidence a augmenté de 30%, ce est qui absolument énorme, ainsi sur 30 ans cela équivaut à une augmentation de +125%, autrement dit, plus du double. [12]

Les symptômes de l'adénomyose sont nombreux:
- Ménorragies (50 % des cas): règles très abondantes et supérieures à 7 jours,
- Dysménorrhées (30% des cas) : douleurs très importantes liées aux cycles,
- Métrorragies (20% des cas) : pertes de sang en dehors de la période des règles,
- Infertilité,
- Des troubles psychologiques: insomnies, dépressions et isolation sociale. [13,14]

PESTICIDES SANTÉ FEMMES ADÉNOMYOSE ENDOMÉTRIOSE
PESTICIDES SANTÉ FEMMES ADÉNOMYOSE ENDOMÉTRIOSE

ENDOMÉTRIOSE

L'endométriose touche elle aussi environ 10 % des femmes en âge de procréer, soit entre 1,5 et 2,5 millions de femmes en France. Ce chiffre est lui aussi sous-estimé pour les mêmes raisons que l'adénomyose. Le diagnostic de l'endométriose est souvent tardif, avec un délai moyen estimé de 8 ans.

Les principaux symptômes incluent:
- Douleurs pelviennes, notamment pendant les menstruations,
- Troubles de la fertilité,
- 40 % des femmes atteintes d'endométriose rencontrent des difficultés à concevoir
- Infertilité, contribuant à 25 % des cas d'infertilité.
[15, 16, 17, 18, 19]

DES CANCERS

Ainsi le cancer du sein est sans conteste le cancer le plus fréquent chez les femmes en France et dans le monde, la France est d'ailleurs championne du monde des cancers du sein [4] alors même que nous sommes à la traîne sur le dépistage. Entre 1975 et 2018, le taux d'incidence du cancer du sein chez la femme a presque doublé, augmentant de plus de 80%. Une femme sur neuf sera touchée par un cancer au cours de sa vie.[6]
Les traitements anticancéreux, en particulier la chimiothérapie, altèrent la fertilité en réduisant le stock folliculaire ovarien, ce qui rend souvent nécessaire la cryoconservation des ovocytes avant les traitements pour préserver la fertilité.

PESTICIDES SANTÉ FEMMES CANCERS
PESTICIDES SANTÉ FEMMES CANCERS

TOUJOURS PLUS DE FAUSSES COUCHES

Concernant les fausses couches, les données précises sur leur évolution en France sont limitées. Toutefois, en 2022, il a été rapporté qu'une grossesse sur quatre se solde par une fausse couche dans les vingt-deux premières semaines d'aménorrhée, et qu'une femme sur dix risque de subir une fausse couche au cours de sa vie.
Chaque année, environ 200 000 Françaises traversent cette épreuve. [22]

GARÇONS & FILLES : PUBERTÉ PRECOCE

La puberté précoce, définie comme le début de ces signes avant 8 ans chez les filles et avant 9 ans chez les garçons, est plus fréquente chez les filles.

Au début du XXe siècle, la puberté chez les filles survenait en moyenne entre 14 et 16 ans. Chez les garçons, la puberté commençait généralement entre 13 et 15 ans. Ces âges ont considérablement diminué au fil des décennies, en 2023, la puberté chez les filles débute généralement entre 8 et 13 ans, avec une moyenne autour de 11 ans. Chez les garçons, elle commence habituellement entre 9 et 14 ans, avec une moyenne vers 12 ans.

Cette maturation sexuelle prématurée peut entraîner des conséquences sur la santé, notamment une petite taille à l'âge adulte en raison de la fermeture précoce des cartilages de croissance. Chez les filles, elle est également associée à des risques accrus de troubles psychologiques, tels que la dépression, l'anxiété et une image corporelle altérée.

PESTICIDES SANTÉ PUBERTÉ PRECOCE
PESTICIDES SANTÉ PUBERTÉ PRECOCE
PESTICIDES SANTÉ PUBERTÉ PRECOCE
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