BIODIVERSITÉ - NARRATIF DE L'AGROCHIMIE

La dynamique actuelle d'extinction est nettement plus rapide que les extinctions historiques, et cette rapidité suggère donc un facteur d’impact plus grave et systémique que les super volcans ou les météorites. Le facteur qui correspond, en terme de puissance et de temporalité, est les pesticides, puisqu'ils sont créés spécifiquement pour tuer et sont utilisés seulement depuis quelques décennies. Ils sont d’une toxicité extrême, persistant dans l’environnement et agissant de manière systémique, affectant toutes les espèces à différents niveaux de la chaîne trophique.

Avec cette idée fausse qu'une succession de perturbations aboutirait à une extinction, il est de fait induit la notion de multi factorialité. La multi factorialité dilue et cache la responsabilité des pesticides et tant qu'ils ne sont pas mis au bon niveau alors le flou, le doute, la multi factorialité et la charge mentale persistent, bloquant le passage à l'action et l'identification des actions pertinentes à mettre en place.


Lorsqu'une cause est responsable de la grande majorité des impacts, n'est-ce pas un abus de langage que de parler de multi factorialité?

PESTICIDES BIODIVERSITÉ EXTINCTION MASSE AGROCHIMIE
PESTICIDES BIODIVERSITÉ EXTINCTION MASSE AGROCHIMIE

ENTRETENIR UNE CONFUSION ENTRE UNE PERTURBATION & UNE EXTINCTION DE MASSE

Une extinction de masse correspond à une disparation phénoménale, par son ampleur et sa rapidité, de la vie sur Terre. Elle ne doit pas être assimilée à une succession ou une addition de perturbations et relèvent de facteurs de taille très différente. Pendant des millénaires, l'humanité a rasé des forêts pour l'agriculture, exploité des ressources naturelles, artificialisé des terres pour y construire des villes et des infrastructures sans jamais avoir déclenché de grande extinction de masse comme c'est le cas depuis quelques décennies seulement. L'agriculture était même une perturbation dite "intermédiaire", créatrice et riche de biodiversité en Europe.

L’étude de Hallmann et al. (2017) montre que, même dans les forêts, les populations animales sont en chute, malgré la présence de leur habitat. Ce phénomène suggère que l'empoisonnement chimique des écosystèmes est à la racine de cette disparition, et non la perte d'habitat. Il est également crucial de rappeler que la perte d'habitat n’a jamais eu les mêmes effets mortels qu’un empoisonnement direct. Les humains, par exemple, ont quitté leurs habitats naturels sans disparaître. En revanche, du poison ne laisse aucune chance au vivant.

Néanmoins, la déforestation dans les hotspots de biodiversité, a des effets grave,s surtout que ces forêts sont remplacées par des cultures qui utilisent de grandes quantités de pesticides.

PESTICIDES BIODIVERSITÉ EXTINCTION MASSE AGROCHIMIE
PESTICIDES BIODIVERSITÉ EXTINCTION MASSE AGROCHIMIE

LA DÉFORESTATION

Bien que la déforestation ait effectivement contribué à des pertes de biodiversité, elle ne peut pas être mise sur le même plan que l’effondrement actuel des écosystèmes. Historiquement, la déforestation en Europe a eu lieu au Moyen Âge, où les forêts n’occupaient plus que 10 % du territoire au début du XIVème siècle, sans que cela ait conduit à une extinction massive. Aussi, l’effondrement de 70 à 80% des biomasses animales depuis quelques décennies, n'est pas du tout en phase avec les proportions de déforestation récentes.

La surpêche n'explique pas l'effondrement de la première biomasse océanique qu'est le plancton: c'est bien toute la vie marine qui s'effondre drastiquement et non pas que les espèces pêchées ou celle qui mangeraient et/ou dépendraient des espèces pêchées.

La prédation, la chasse, ou même le trafic illégal n'affectent qu'une infime partie de la biomasse, contrairement aux pesticides, qui affectent toute la biosphère. La prédation fait partie des mécanismes écologiques naturels et n’est pas une cause d’extinction de masse. La chasse a toujours existé, mais elle n'a jamais provoqué un effondrement des écosystèmes à l’échelle que nous connaissons actuellement.

PESTICIDES BIODIVERSITÉ EXTINCTION MASSE AGROCHIMIE
PESTICIDES BIODIVERSITÉ EXTINCTION MASSE AGROCHIMIE

SUREXPLOITATION DES RESSOURCES, TRAFIC ILLÉGAL

La surexploitation des ressources naturelles telles que la surpêche et la chasse mais aussi le trafic illégal d’espèces sont souvent avancés comme des explications à l'effondrement global de la biodversité. Pourtant, là aussi, ces facteurs ne peuvent expliquer l’effondrement global de la biodiversité. Depuis 70 ans, c'est l’ensemble de la vie s'effondre, pas seulement les espèces directement "exploitées" par l'homme.

Les pesticides sont un facteur de destruction bien plus direct et mortel que le réchauffement climatique, même si ce dernier joue un rôle dans les écosystèmes. Le réchauffement dû aux activités humaines voit son rôle dans l’extinction actuelle être largement surestimé par rapport à l’impact massif des produits chimiques. Un flou et un doute sont instaurés, notamment par l'agrochimie, créant ainsi un large malentendu sur l'extinction en cours car si la majorité des gens souhaite préserver le climat, c'est bien pour préserver le vivant.

L’agrochimie profite de ce flou en associant systématiquement la question du réchauffement aux problèmes environnementaux. Cette approche lui permet de dissimuler le problème des pesticides et légitime d'autant plus le recours aux industries du complexe militaro-indsutriel : plus de nucléaire, plus d'hybrides F1 et d'OGM brevetées résistantes au réchauffement et plus de pesticides. En effet, plus de nucléaire va conduire à l'effondrement les couts de l’énergie et donc des coûts de production, permettant à l'industrie de produire toujours plus, notamment de pesticides, qui seront décarbonés et nous conduisant alors à tout exterminer bien plus vite et pour pas cher.

Au rythme de l'extinction actuelle, créée par les pesticides, il ne restera rien lorsque le réchauffement commencera à avoir de réels impacts sur le biodiversité et restaurer le climat ne restaura pas la biodiversité, alors que restaurer la biodiversité permettra de restaurer en partie le climat.

PESTICIDES BIODIVERSITÉ EXTINCTION MASSE AGROCHIMIE
PESTICIDES BIODIVERSITÉ EXTINCTION MASSE AGROCHIMIE

LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

Bien que le réchauffement climatique soit une réalité incontestable et qui fait preuve d'un très large consensus scientifique, il n’est pas à la racine de l'extinction. Le réchauffement est actuellement de +1,5 degrés par rapport à l'ère préindustrielle.

Sur les 500 derniers millions d'années, les extinctions ce sont produites à la faveur de changements climatiques extrêmes avec des variations de l'ordre de doublements de températures à la hausse ou à la baisse. Par exemple la température est passée de 33° à 13° en moyenne lors de la première extinction, il y a 450 millions d'années, la seconde extinction, il y a 360 millions d'années, a vu sa température passer de 32° à 10° en moyenne et la 3e extinction a vu sa température passer de 10 à 32° en moyenne.

La vision d’une nature figée et pure, sans espèces étrangères, est un héritage de valeurs créationnistes qui ont longtemps influencé la pensée occidentale. Cette perspective ignore le fait que toute l’histoire naturelle est une succession d’interactions entre espèces nouvelles, compétitives et adaptatives. Le cadre occidental, avec sa peur des espèces exotiques et des invasions, reflète souvent des biais raciaux et nationalistes, où des espèces d'origines non européennes sont rejetées alors que les mêmes logiques seraient acceptées pour d'autres cultures.

En réalité, ce concept, qui est un leurre, sert à l'agrochimie pour détourner l'attention des pesticides. L'IPBES recommande d'ailleurs tristement d' "éradiquer" les espèces invasives avec des pesticides dans son rapport intermédiaire sur ces dernières.

PESTICIDES BIODIVERSITÉ EXTINCTION MASSE AGROCHIMIE
PESTICIDES BIODIVERSITÉ EXTINCTION MASSE AGROCHIMIE

LES ESPÈCES INVASIVES

L’argument des espèces invasives est trompeur et va à l’encontre d’une vision dynamique du vivant. Le vivant est en constante évolution et recherche sans cesse à investir de nouvelles niches écologiques. Tout est exotique et envahissant dans le vivant, y compris ce que nous consommons, ce que nous cultivons, ce que nous élevons. Ce qui est aujourd’hui perçu comme une menace, comme les frelons asiatiques, faisait partie du vivant sur d’autres continents bien avant d’arriver en Europe, d'ailleurs les frelons européens viennent aussi d'Asie.

PESTICIDES BIODIVERSITÉ EXTINCTION MASSE AGROCHIMIE
PESTICIDES BIODIVERSITÉ EXTINCTION MASSE AGROCHIMIE

DÉVOYER LA RECHERCHE ET LES INSTITUTIONS ENVIRONNEMENTALES

Depuis les années 70, les industriels de l'agrochimie ont réussi à dévoyer la recherche scientifique et les institutions environnementales en finançant des études qui favorisent leur narratif. L’exemple de Bayer et Syngenta dans des groupes d'experts comme l’IPBES montre clairement comment ces entreprises façonnent la recherche et cadrent les problèmes pour minimiser l'impact des pesticides.

Dans les années 60, la recherche scientifique était claire sur l'importance du problème de la chimie. Une partie du grand public en avait aussi pleinement conscience, notamment grâce à Rachel Carson, d'autres scientifiques américains comme the Union of concerned Scientists, particulièrement dans un contexte de guerre chimique comme la guerre du Vietnam. Rachel Carson, notamment grâce à son livre "Silent Spring" paru en 1962, a même conduit à l'interdiction du DDT et à la création de l'Agence Américaine de l'Environnement.

C'est dans les années 70 qu'un dévoiement général a été mis en œuvre. Au lieu de poursuivre dans le sens de cette prise de conscience, on a privatisé toujours plus la recherche et mis en place des programme de recherche par appels à projets, ne permettant plus de véritable indépendance. Aussi, le développement de la spécialisation et technicisation en silos ne permet plus d'avoir une vision globale et systémique. Enfin, le principe de précaution a disparu au profit d'une science au service de l'innovation et du progrès technique industriel.