BIODIVERSITÉ - LES OCÉANS

La biomasse marine, et en premier lieu le plancton, sont largement intoxiqués par les pesticides, qui sont des armes de guerre chimique crées pour tuer, toxiques à très faibles doses, persistantes et qui s'accumulent depuis des décennies dans les océans, le réceptacle ultime des ruissellements continentaux. Ainsi, dès les années 70, de nombreuses études sont venues documenter les effets délétères des pesticides sur la vie océanique. Ils sont même identifiés comme un élément clé de l'eutrophisation de la grand barrière de corail. L'anéantissement global de la biomasse planctonique par la chimie de synthèse contribue de manière importante au réchauffement climatique.

LE PHYTOPLANCTON

Des études récentes ont mis en évidence un déclin généralisé de la biomasse du phytoplancton dans plusieurs régions océaniques. Selon un article publié dans Nature (2019), il y a une réduction de la biomasse du phytoplancton de près de 1% par an depuis les années 1950, principalement dans les eaux de surface des océans, soit une baisse de 53% entre 1950 et 2025. Ce déclin est particulièrement marqué dans les océans Atlantique et Pacifique.

Dès 1975, Uune étude réalisée par Portmann (1975) a montré que des résidus de pesticides organochlorés étaient présents dans les échantillons de plancton marin dans l'océan Atlantique. Ces contaminants, présents dans l'eau de mer, sont absorbés par les cellules phytoplanctoniques et peuvent interférer avec leurs processus biologiques, en particulier la photosynthèse. Cincinelli et Dickhut (2011) ont observé que ces pesticides étaient présents dans les sédiments marins, la neige, et dans l'eau de mer autour des blooms de phytoplancton en Antarctique.

Une étude publiée dans Environmental Toxicology and Chemistry (2018) a démontré que des concentrations, même faibles, de pesticides comme le glyphosate peuvent inhiber la croissance des algues marines et altérer leur capacité à convertir le dioxyde de carbone en matière organique.

Selon une étude dans Marine Pollution Bulletin (2021), les concentrations de pesticides dans les eaux de surface peuvent affecter plus gravement les phytoplanctons dans les zones proches des côtes, où l'agriculture intensive est pratiquée.

LE PLANCTON

Le plancton, représente la première biomasse océanique. Le phytoplancton, en particulier, est responsable de la majorité de la production primaire dans les océans, ce qui en fait la base de la chaîne alimentaire marine. La biomasse du plancton joue un rôle central dans la régulation du climat, en séquestrant le carbone dans les océans. Ainsi, une diminution de la biomasse planctonique accélére les changements climatiques. Aussi, la réduction du zooplancton compromet la chaîne alimentaire marine et peut perturber la production alimentaire mondiale, en particulier dans les zones dépendantes de la pêche.

PESTICIDES BIODIVERSITÉ EXTINCTION MASSE OCÉANS PLANCTON
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LE ZOOPLANCTON

Une étude publiée dans Nature (2018) a estimé que la biomasse du zooplancton dans l'Atlantique Nord a chuté de près de 50 % au cours des 50 dernières années.

Les pesticides représentent une menace directe pour le zooplancton, en perturbant leur croissance et leur reproduction. Selon une étude dans Environmental Science & Technology (2017), des concentrations élevées de pesticides tels que les néonicotinoïdes ont des effets négatifs sur les espèces de zooplancton, entraînant une diminution de leur survie et de leur capacité à se reproduire.

Aussi, les pesticides, notamment les organochlorés, perturbent la minéralisation des coquilles marines en inhibant l'absorption du calcium et en modifiant l'équilibre acido-basique des eaux marines, rendant le calcium moins disponible pour la formation de carbonate de calcium. De plus, ces produits chimiques agissent comme des neurotoxines, altérant les comportements alimentaires et l'expression des gènes nécessaires à la biomineralisation, fragilisant ainsi les coquilles. Enfin, l'accumulation de pesticides dans les coquilles elles-mêmes affecte leur structure cristalline, rendant les animaux plus vulnérables aux prédateurs et autres stress environnementaux.

L'étude de l'impact des résidus de pesticides sur le zooplancton a révélé des effets notables sur les comportements alimentaires, la croissance et la reproduction de certaines espèces, avec des conséquences pour les espèces marines plus grandes qui en dépendent, comme les poissons et les cétacés (Day, 1990).

PESTICIDES BIODIVERSITÉ EXTINCTION MASSE OCÉANS PLANCTON
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Cette dégradation est en grande partie due à la pollution, dont les pesticides jouent un rôle majeur. Les pesticides organochlorés, notamment le DDT et ses dérivés, ainsi que d'autres produits chimiques agricoles, ont été détectés à des niveaux élevés dans les sédiments marins, affectant directement les organismes benthiques en altérant leurs capacités reproductrices, leur croissance et leur survie (Sarkar et al., 2008). Ces contaminants sont persistants se bioaccumulant dans les tissus des espèces marines et perturbant leurs écosystèmes pendant des décennies.

Les pesticides impactent aussi le benthos en altérant leur métabolisme et en provoquant des modifications comportementales qui affectent leur reproduction et leur nutrition. Des études ont montré que les crustacés, exposés à des concentrations sublétales de pesticides, subissent des perturbations de leur développement larvaire et une diminution de la capacité à se nourrir efficacement (Madhuri & Madhuri, 2016). Ces perturbations sont particulièrement visibles chez les étoiles de mer et les oursins, où une exposition prolongée aux pesticides a entraîné des anomalies de croissance et des réductions significatives des populations (Verma et al., 2020).

Le déclin des coraux, des éponges et d'autres organismes fixés est également lié à l'exposition aux pesticides. Ils sont particulièrement sensibles aux pesticides qui perturbent leur symbiose avec les dinoflagellés zooxanthelles, essentiels à leur nutrition et à leur couleur. Des études ont montré que les concentrations de pesticides dans les eaux marines entraînent un blanchissement plus rapide des coraux et une diminution de leur capacité à se reproduire (Portmann, 1975).

PESTICIDES BIODIVERSITÉ EXTINCTION MASSE CORAUX
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LE BENTHOS

Le benthos inclut des animaux comme les crustacés, les étoiles de mer, les oursins, les coraux, ainsi que des organismes fixés tels que les éponges et les mollusques (par exemple, les coquillages).
Selon des études récentes, la biodiversité benthique a diminué de manière significative dans de nombreuses régions, avec des pertes allant de 50 à 90 % de certaines populations locales (Thiagarajan & Devarajan, 2024). e reproduire (Portmann, 1975).

Des études ont montré que l’exposition aux pesticides organochlorés affecte la reproduction des poissons et des céphalopodes, perturbant leur comportement de reproduction et diminuant la survie des larves (Portmann, 1975).
En plus des organochlorés, les pesticides organophosphorés (comme le chlorpyrifos et le malathion) sont également détectés dans les tissus de poissons marins, notamment dans des zones côtières ou agricoles. Une étude menée dans des lagunes côtières a révélé la présence de résidus de malathion dans des poissons locaux, ce qui peut être attribué à l’utilisation excessive de ces pesticides dans les zones agricoles adjacentes aux écosystèmes marins (Madhuri & Madhuri, 2016). Cela a des effets à long terme sur les poissons eux-mêmes, mais aussi sur les prédateurs marins (comme les cétacés et les oiseaux), qui ingèrent des poissons contaminés, entraînant une biomagnification de ces substances dans la chaîne alimentaire (Chen et al., 2024).

D'autres recherches ont révélé que les mammifères marins, tels que les dauphins et les baleines, souffrent de maladies associées à la bioaccumulation de ces toxines, réduisant ainsi leurs chances de survie (Landrigan, 2020).

Les tortues marines, un autre groupe de nektons, subissent également les effets des pesticides. Ces reptiles marins sont particulièrement vulnérables à la pollution chimique, notamment les pesticides, qui perturbent leur système immunitaire et leurs fonctions hormonales. Une étude menée sur la population de tortues en Méditerranée a révélé une réduction significative du nombre de naissances et des anomalies comportementales chez les jeunes reptiles exposés à des concentrations faibles de pesticides dans les zones côtières (Gupta et Singbal, 1988). L’exposition prolongée à ces substances toxiques compromet leur capacité à migrer sur de longues distances et à s’alimenter, contribuant à une diminution générale des populations.

PESTICIDES BIODIVERSITÉ EXTINCTION MASSE OCÉANS POISSONS
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LE NEKTON

Ce groupe inclut les animaux marins capables de se déplacer activement dans l'eau, contrairement au plancton qui dérive avec les courants. Les nektons comprennent des espèces comme les poissons, les céphalopodes comme les calmars et les poulpes, les mammifères marins comme les baleines, les dauphins et les phoques et les reptiles marins comme les tortues marines. Ces animaux sont souvent au sommet des chaînes alimentaires océaniques. Ainsi, par bioaccumulation, ces derniers mangeant le benthos et le plancton, qui en plus d'être généralement plus gras que la moyenne, subissent une double peine et sont largement contaminés par les pesticides.