
ÉVOLUTIONS & CARTES DES RESISTANCES
ÉVOLUTIONS & DYNAMIQUES DES RESISTANCES
Les populations sont constituées d’individus différents, qui ont généralement des sensibilités différentes à un pesticide donné. Cette variation de sensibilité entre individus est naturelle et suit une distribution gaussienne: elle existe au sein des populations avant que celles-ci ne soient exposées aux pesticides. Lors d’un traitement d’une population avec un pesticide, tous les individus sensibles seront éliminés. Les individus les moins sensibles survivent.
L’élimination des individus sensibles de la population favorise le développement des individus résistants. En effet, en l’absence de traitement, tous les individus sont en compétition pour une ressource commune que ce soit la plante hôte pour les champignons et les insectes ou l’accès aux nutriments, à l’eau et à la lumière pour les adventices. L’élimination des individus sensibles va donc diminuer la compétition pour l’accès à la ressource des individus résistants, et favoriser leur reproduction. La conséquence directe de cette pression de sélection est l’augmentation de la fréquence des individus résistants dans la population au fur et à mesure des applications de pesticides. L’existence de reproduction asexuée chez certaines espèces peut accélérer la diffusion des individus résistants.
La vitesse de l’évolution de la résistance dépend de l’intensité de la sélection exercée, c’est à dire la fréquence d’utilisation du pesticide et le nombre d’individus exposés au pesticide. Plus on traite une population nombreuse, plus la probabilité est forte que cette population contienne au moins un individu résistant. Celui-ci pourra alors être sélectionné. Autrement dit, la résistance évoluera plus vite dans des parcelles avec une forte population.


RÉSISTANCE CROISÉE ET RÉSISTANCE MULTIPLE
Un individu peut être résistant à plusieurs substances actives différentes. La liste des substances auxquelles l’individu est résistant est appelée « profil de résistance » ou « spectre de résistance ». Les bases génétiques sur lesquelles reposent les spectres de résistances sont de deux types :
- si la résistance à plusieurs substances actives est due à une même mutation, on parle de résistance croisée. Par extension, on peut parler de résistance croisée quand un même mécanisme de résistance confère une résistance à plusieurs substances actives. Un cas particulier de résistance croisée est la résistance multidrogues des champignons, où une mutation affectant un même transporteur membranaire induit un efflux accru de différents pesticides,
- si la résistance à plusieurs substances actives différentes est due à plusieurs mutations, différentes pour les différentes substances, on parle de résistance multiple. Par extension, on peut parler de résistance multiple quand une résistance à des substances actives différentes est due à des mécanismes de résistance différents.
Lorsqu’une espèce est capable de se reproduire de manière asexuée (parthénogenèse), le spectre de résistances qu’elle porte sera transmis intégralement à sa descendance, que les résistances soient la conséquence d’une seule ou de plusieurs mutations. Lorsqu’une espèce recourt à la reproduction sexuée, seuls 50% en moyenne du génome de chacun des parents sont transmis à chaque individu de la génération suivante. Le spectre de résistances transmis dépendra du déterminisme génétique sous-jacent.


CARTES & EXEMPLES DE RESISTANCES
QUELQUES EXEMPLES DE VÉGÉTAUX RÉSISTANTS
(Liste détaillée non exhaustive)
L’Arroche étalée (Atriplex patula) et le chénopode blanc (Chenopodium album), affectant la betterave à sucre (Beta vulgaris), sont devenus résistants aux herbicides (désmédiphame, phénmédiphame, métamitrone et métribuzine).
Le Vulpin (Alopecurus myosuroides) et l’Agrostis jouet-du-vent (Apera spica-venti), dans le colza (Brassica napus) et le blé (Triticum aestivum), sont maintenant résistants aux herbicides (quizalofop, prop-quizalofop, fluazifop, fénozaprop, clodinafop, cycloxydime, clétodime et pinoxadène).
Les Folles avoines (Avena sterilis & Avena fatua) et le Bromus stérile (Bromus sterilis), sur le blé, montrent une résistance aux herbicides (sulfonylurées, mésosulfuron, iodosulfuron et aux triazolopyrimidines, pyroxsulame).
Le Panic pied-de-coq (Echinochloa crus-galli), sur le riz (Oryza sativa) et le maïs (Zea mays), est résistant aux herbicides (cyhalofop et famille des fops).
L’Ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia), sur le Tournesol (Helianthus annuus) et le Soja (Glycine max), est résistante aux herbicides (imazamox)
L’Ivraie (Lolium sp.) sur la Vigne (Vitis vinifera) est concernée par la résistance aux herbicides (glyphosate).




QUELQUES EXEMPLES DE CHAMPIGNONS & BACTÉRIES RÉSISTANTS
(Liste détaillée non exhaustive)
Le Mildiou (Phytophthora infestans) de la Pomme de terre (Solanum tuberosum) est maintenant résistant aux fongicides (fluaziname).
L'Alternariose (Alternaria solani ) de la Pomme de terre, la Pourriture grise (Botrytis cinerea) sont résistantes aux fongicides (famille des carboxamides : benzovindiflupyr, bixafène, fluopyram, fluxapyroxade).
La Gale argentée (Helminthosporium solani) et la Moniliose (Monilinia fructicola) qui affectent la Pomme de terre mais aussi les Pêchers (Prunus persica), les Abricotiers (Prunus armeniaca) et les Pruniers (Prunus domestica), sont également résistantes aux fongicides (famille des carboxamides).
L'Oïdium des cucurbitacées (Podosphaera xanthii) a développé de multiples résistances à un très grand nombre de familles de fongicides.
Le Piétin-verse (Oculimacula acuformis & Oculimacula yallundae) dans les céréales résiste aux fongicides .
La Rouille naine de l’orge (Puccinia hordei) et la rouille brune du blé (Puccinia triticina ) sont elles aussi devenues résistantes aux fongicides (SDHI boscalide).
Le Tétranyque tisserand (Tetranychus urticae) sur la Vigne et sur les cultures sous serre est également résistant aux insecticides (organophosphorés).




QUELQUES EXEMPLES D'INSECTES & ACARIENS RÉSISTANTS
(Liste détaillée non exhaustive)
Le Carpocapse des pommes et des poires (Cydia pomonella) qui affecte la culture du Pommier (Malus domestica) et du Poirier (Pyrus communis) est super résistant aux insecticides (diflubenzuron, fénoxycarbe).
Le Psylle du poirier (Cacopsylla pyri) et le Charançon du bourgeon terminal (Ceutorhynchus picitarsis) qui touchent le colza (Brassica napus), la Tordeuse orientale du pêcher (Prunus persica), du Cognassier (Cydonia oblonga) et la noctuelle de la tomate (Helicoverpa armigera) sont maintenant résistant aux insecticides (pyréthrinoïdes de synthèse), tout comme le Moustique tigre (Aedes albopictus), les Punaises de lit (Cimex lectularius) et les Poux de tête (Pediculus humanus capitis).
Le Puceron vert (Myzus persicae) sur le pêcher, le colza et la betterave sucrière est résistant aux insecticides (deltaméthrine, fluvalinate, lambda-cyhalothrine).
Le Puceron (Nasonovia ribisnigri) de la salade et du cassis est résistant aux insecticides (deltaméthrine).
Le Charançon de la tige du colza (Ceutorhynchus napi), le Charançon de la tige du chou (Ceutorhynchus pallidactylus) et le charançon des siliques (Ceutorhynchus obstrictus) sont tous résistants aux insecticides (pyréthrinoïdes).
La Mineuse des feuilles de tomate (Tuta absoluta) est résistante au chlorantraniliprole.
L’Acarien rouge (Panonychus ulmi) qui affecte notamment le pommier est résistant aux insecticides et acaricides (tébufenpyrade, fenazaquin, hexthiazox, clofentézine, thiophosphates, dithiophosphates).



